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Le status légal de la langue basque aujourd’hui: une langue, trois administrations, sept géographies différentes et une diaspora

Avant-Propos The Legal Status of the Basque Language Today: One Language, Three Administrations, Seven Different Geographies and a Diaspora / Gloria Totoricagüena, Iñigo Urrutia, eds. – 265 p. ; 24 cm. – Donostia : Eusko Ikaskuntza, 2008. – ISBN: 978-84-8419-164-3. Décharger pdf

Depuis sa fondation, en 1918, et tout au long de son histoire, la Sociedad de Estudios Vascos-Eusko Ikaskuntza (EI-SEV), Société d’Études Basques, a fait preuve d’un amour profond envers la langue basque. Le Ier Congrès d’Études Basques de 1918, dont surgirait postérieurement la Société, met déjà en évidence l’énorme importance octroyée par les fondateurs à l’étude et la préservation de l’euskara. C’est à la suite de ce Congrès que surgit l’Académie de la Langue Basque, « Euskaltzaindia », destinée à mettre en oeuvre la procédure d’unification linguistique de la langue.

Revue “Euskera”

Revue “Euskera”.

L’euskara était la principale préoccupation de la Revista Internacional de los Estudios Vascos (RIEV), Revue Internationale des Études Basques, fondée par Julio de Urquijo avec l’idée d’offrir aux linguistes du monde entier un organe scientifique adéquat pour l’étude de la langue. Plusieurs auteurs ont souligné son poids décisif dans le domaine de la philologie entre 1907 et 1919, année de fondation d’Euskaltzaindia ; et même après sa fondation, malgré l’apparition de la revue « Euskera », la liste des collaborateurs de la RIEV sur des thèmes philologiques est innombrable. Urquijo réalise également, à travers la RIEV, une tâche fondamentale de récupération et d’édition de textes traditionnels, essentiels pour l’histoire de la langue basque.

Mais les membres d’Eusko Ikaskuntza ont estimé que la Société ne devait pas se limiter à instaurer les bases d’une étude solide et scientifique de la langue basque et de sa future normalisation. Tel que le signalait déjà Idoia Estornés dans son étude sur la Société d’Études Basques, le but de sa fondation était également restaurationniste : il ne s’agissait pas seulement de disséquer et d’analyser la langue en profondeur, mais de lui permettre de récupérer la santé et la vie, dont elle n’avait pu jouir à cause de la politique de persécution et d’abandon dont elle avait fait l’objet. Durant sa première étape, outre son travail dans le domaine de l’enseignement, l’EI-SEV a organisé des cours et des examens d’euskara, elle a accueilli et parrainé la Federación de Acción Popular Euskerista (FAPE) et elle a créé en Alava la Section « Baraibar », dédiée à la récupération de la langue basque à tous les niveaux. Depuis sa fondation et jusqu’en 1936, la Société a créé plusieurs chaires en euskara et protégé celles déjà existantes, ainsi que les cours surgis en réponse à l’appel lancé par le Congrès en 1918.

Vème Congrès d’Études Basques

Vème Congrès d’Études Basques.

Et c’est le Vème Congrès d’Études Basques, de 1930, qui introduit, de la main de la Federación de Acción Popular Euskerista, la Journée de l’Euskara, qui rassembla six organisations dédiées à la promotion de la langue basque, responsables de la diffusion et restauration de l’euskara au pays Basque de part et d’autre des Pyrénées, autrement dit, des États de France et d’Espagne. Un évènement qui donnera lieu, à partir de 1948, à la Journée Internationale de l’Euskara, à l’initiative du VIIème Congrès d’Eusko Ikaskuntza, célébré cette même année à Bayonne, Lapurdi, au cours duquel est adoptée la décision suivante : « Une journée de la Langue Basque dans le monde entier sera célébrée une fois par an, le 3 décembre, jour de la fête de Saint-François- Xavier, sous les auspices d’Eskualzaleen Biltzarra et d’Eusko Ikaskuntzen Lagunartea ».

Suite à sa revitalisation, à partir de 1978, la Société a récupéré son engagement envers l’euskara, en encourageant l’organisation de Journées d’Études et de différentes manifestations, ainsi que diverses publications. Un engagement tout aussi contraignant, voire davantage, que celui souscrit au cours de sa première étape, mais nous ne pouvons cependant oublier que la société du XXIe siècle est bien différente de celle du XIXe siècle, période de configuration, autour de l’identité et de la langue comme élément essentiel de sa conformation, des idéologies et des sentiments qu’il convient aujourd’hui d’actualiser, pour éviter qu’ils n’entravent le développement collectif. Tel que le travail de recherche Identité et culture basques au début du XXIème siècle, mené sous les auspices d’Eusko Ikaskuntza, met en évidence, l’actuelle société du Pays Basque forme un ensemble pluriculturel constitué d’identités diverses. Le nouveau panorama démographique et migratoire accentue davantage l’enjeu d’intégrer cette nouvelle citoyenneté tout en évitant la création de populations culturellement exclues et socialement marginalisées. La vision statique et essentialiste du Peuple Basque et sa traduction en une cause prétendue vraie et excluante, qui utilise la langue comme arme politique, a causé un grand mal. Et pas seulement sur le plan politique, mais également dans de nombreux autres domaines, à l’intérieur et hors du pays Basque. La conception évolutive de l’identité basque seheurte de front à la position intégriste de ceux qui s’érigent en dépositaires de l’essence basque, hypostase de l’tre Basque dans le temps et comprenant l’euskara.

Par contre, une attitude constructive et intégratrice, de libre adhésion à la culture, à partir de positions politiques diverses, de racines identitaires différentes, permet de libérer la langue de cette « pression coercitive » exercée par les postures intransigeantes et essentialistes et de la considérer comme un actif pour la construction d’une identité partagée. Ce travail constate, en effet, la nécessité palpable, dans les diverses communautés basques, d’un nouveau modèle de coexistence ouvert, intégrateur, mais aux racines et sentiments communs d’adhésion autour de la langue. Pour preuve : le souci croissant des Navarrais de scolariser leurs enfants en euskara, malgré le peu d’intérêt à l’égard de la promotion de la langue basque des différentes administrations de la Communauté de Navarre, que ce travail met en évidence. La langue et la culture basque doivent être clairement vues comme un bien collectif pour toute la population et comme un espace de participation libre et illusionnant. Dans ce sens, la propre existence de l’EI-SEV, libre de toute dépendance politique, doit servir de paradigme du projet de coexistence partagée autour de la langue.

Dans cet esprit et fidèles à notre tradition, nous avons tenu, une fois de plus, à impulser une étude sur la langue fondamentalement destinée au public américain. Cet ouvrage fait le bilan des succès et des accidents des diverses politiques linguistiques conçues et mises en oeuvre sur les trois territoires bascophones. Après un quart de siècle d’existence, la Loi de Normalisation de l’Euskara, promulguée par le Parlement de la Communauté Autonome Basque et, quelques années plus tard, la Ley foral Navarra del Vascuence en Navarre, ainsi que la normative dispersée promulguée par l’État français en Iparralde, y sont analysées et évaluées par de prestigieux spécialistes.

Le regard tourné vers l’avenir, EI-SEV, fidèle à sa vocation constitutive reposant sur le souci de promotion et de préservation de la langue, souhaite que les contributions recueillies dans cet ouvrage aident à réfléchir sur les évènements du dernier quart de siècle en matière de politique linguistique et permettent d’améliorer les réussites et de corriger les erreurs.

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